🐡 Se Dit Pour Un Solo ImprovisĂ© En Jazz

Sedit pour un solo improvisĂ© en Jazz : Chorus DĂšs que vous aurez terminĂ© cette Ă©tape, vous pourrez rejoindre le Groupe 113 de Transports. Donne une note Ă  ce jeu (de 1 Ă  5 Manettes). 5 Ă©tant la meilleure note. Ilest rĂ©putĂ© pour ses concerts solo totalement improvisĂ©s. Le pianiste amĂ©ricain de jazz Keith Jarrett ne pourra sans doute plus jamais SeDit Pour Un Solo ImprovisĂ© En Jazz Ce Soir On Improvise Avec Lui Donc Pas Improvise Theatre Improvise Quebecois Composition Musicale De Caractere Improvise Leur Chant Du Coq Fut Longtemps Leur Chant Du Cygne Chant De Bataille, Chant Dhonneur Chant Religieux Chant Fd'eglise Chant D Eglise Chant Des All Balcks Chant D'eglise Chant 7 Lettres Entant que musicien, vous ne devez pas vous contenter de jouer uniquement des partitions ou des chansons cĂ©lĂšbres. Dans le jazz, quasiment toutes les mĂ©lodies sont improvisĂ©es ou, autrement dit, composĂ©es sur-le PrĂ©cĂ©dent123 4 5 Suivant ChargĂ© d'Etudes et Veille H/F. Emploi Banques - Etablissements de crĂ©dits -, 92, Hauts-de-Seine, Île-de-France Votre environnement En tant que chargĂ©(e) d'Ă©tudes et veille en alternance, vous rejoignez la Direction Marketing StratĂ©gique et ExpĂ©rience Client Phygital pour une durĂ©e de 1 Ă  2 ans. Vous ĂȘtes basĂ©(e) Ă  Levallois Perret. Demon cĂŽtĂ©, je suis parti depuis quelques temps dans des projets un peu plus expĂ©rimentaux ou improvisĂ©s, ou plus rock, et le trio est, c’est vrai, un retour vers une musique plus jazz et plus mĂ©lodique. Je tiens particuliĂšrement Ă  cette diversitĂ© : tous les projets se nourrissent les uns les autres et je n’ai absolument pas envie de me mettre des barriĂšres. Lesannonces : jazz vocalenfant adolescent arts visuels hay les roses 94240 cours formation arts plastiques - Annuaire des musiciens et groupes de Jazz Ă  Lautrec. DĂ©couvrez une grand diversitĂ© de groupes de Jazz Ă  programmer dans votre salle, club de Jazz, festival oĂč Ă  l'occasion de toute autre Ă©vĂ©nement que vous organisez. Les annonces : jazz vocalenfant adolescent arts visuels SalutĂ  tous, aujourd’hui je vais vous donner quelques « tuyaux » pour IMPROVISER sur le standard de jazz Them There Eyes.. C’est un morceau incontournable dans le jazz manouche, vous ĂȘtes quasiment sĂ»r d’y passer dans n’importe quel Jam.Personnellement j’adore la grille de ce thĂšme, il y a vraiment de quoi s’amuser 🙂 Afin de vous aider Ă  amĂ©liorer vos improvisations j Eneffet, nous avons prĂ©parĂ© les solutions de Word Lanes Se dit pour un solo improvisĂ© en Jazz. Ce jeu est dĂ©veloppĂ© par Fanatee Games, contient plein de niveaux. C’est la tant attendue version Française du jeu. On doit trouver des mots et les placer sur la grille des mots croisĂ©s, les mots sont Ă  trouver Ă  partir de leurs dĂ©finitions. Nous avons trouvĂ© les rĂ©ponses Ă  ce niveau 7Bvuu. 1. Psychanalyse, musique et jazzLe psychanalyste serait-il devant l’inconscient comme le musicien devant la musique ? Aux prises avec une rĂ©alitĂ© immense, qui le dĂ©passe, et qui requiert de lui l’invention d’un n’y a pas de musique psychanalytique, mais certaines musiques semblent entretenir des liens sinon avec l’inconscient – affirmer cela revient Ă  Ă©noncer une banalitĂ© infĂ©conde- du moins avec les processus psychiques que Freud a thĂ©orisĂ© conservation d’une mĂ©moire du sexuel, formation de compromis aidant au retour de refoulĂ©. Il en est ainsi de ce que nous nommons blues, gospel et jazz, soit le socle de la musique afro-amĂ©ricaine, qui servit aussi de lien social, de miroir et d’exutoire au peuple noir des Etats-Unis d’AmĂ©rique. 2. Jazz et filiationLa musique dite jazz » est Ă  la fois en constante Ă©volution, du moins jusqu’à ces vingt derniĂšres annĂ©es, c’est une houle en une reptation dansante et spiralĂ©e qui va exhumer et absorber ses premiĂšres traces avec l’autoritĂ© du rythme. IrrĂ©sistible appel au corps . C’est cela l’Ɠuvre jazz, qu’on ne peut rĂ©duire au relevĂ© des partitions, des arrangements et des chorus improvisĂ©s une alliance entre forme et son, un risque oĂč se rĂ©verbĂšre une lumiĂšre enivrĂ©e de son propre surgissement. Une contemporanĂ©itĂ© en avance sur toute formule . Une mĂ©moire qui oĂč, dans certaines Ă©vidences des hĂ©ritages et des formules, et, en dĂ©pit de telles Ă©vidences, la mĂ©moire se fait activation des formes, anamorphose des souvenirs, ignifugation des traces, torsion. Don de l’intemporel Ă  l’histoire, de l’histoire Ă  la mĂ©moire, de la mĂ©moire au corps, du corps Ă  la sidĂ©rante condition de paria et de spoliĂ© radical qui fut celle de l’esclave. Le jazz est acte et il est Ɠuvre. Chant de filiation jamais figĂ© en des commĂ©morations mortifĂšres, la pulsion jazz, reconnaĂźt ses dettes lĂ  oĂč elle impose la reprise, la relance, l’invention, la transmission, enfin. Le son de chaque musicien –sa maniĂšre de chanter ou de retenir chaque note, sa façon mate et obstinĂ©e d’avancer le souffle ou le doigtĂ©, ou au contraire son impatience de feu – est une composante essentielle de l’oeuvre jouĂ©e et enregistrĂ©e et cela est court vrai du chant des aĂ©des du fleuve aux plus actuelles sonoritĂ©s et inflexions rythmiques de ses hĂ©ros ; de Skip James Ă  Steve Coleman, par est un alliage propre Ă  ce que nous dĂ©signons comme musique de jazz, il est bien le rĂ©sultat d’une contamination surdĂ©terminante entre les ferments africains importance de l’interprĂšte et de son accentuation, de son attaque des notes et europĂ©ens importance de l’harmonique et de la composition. LĂ  on se perd en hypothĂšses. En effet des alliages entre l’Afrique et l’Occident, des forçages et des dĂ©tours, des crĂ©ations de contrebande il s’en fit ailleurs, ailleurs d’autres creusets donnĂšrent naissance Ă  des arts authentiquement afro-amĂ©ricains, ou afro- caraibĂ©ens, afro-latino-mĂ©ricains, mais de notes bleues aux Etats-Unis Jazz avĂšnement et Ă©vĂšnementLe jazz a non seulement une histoire, mais il est, de plus une catĂ©gorie et un Ă©vĂ©nement qui a effet, et peut-ĂȘtre fonction, d’historiser l’histoire sous les habits du mythe et les prĂ©textes du divertissement. Rien d’une lecture linĂ©aire ne convient Ă  la situer, et sur son incessant travail de reprise du passĂ©, son Ă©nergie de mĂ©moire active, son incessant surgissement, la moindre thĂšse du progrĂšs dans l’art » se casse irrĂ©mĂ©diablement les dents. Un des voyageurs des plus vĂ©hĂ©ments et des plus dĂ©chirants du free-jazz », Albert Ayler qui bouleversa lors de son exil Ă  Copenhagen, un des grands de l’orchestre de Basie, le gĂ©nĂ©reux Don Byas, lui-mĂȘme se revendiquait, et Ă  trĂšs juste titre, d’une filiation directe avec les premiers improvisateurs du jazz. Ce tĂ©lescopage Ă©clairant et bruissant de gĂ©nĂ©rositĂ©s et de risques emphatiques entre la musique des hĂ©ros du free et celle des patriarches prĂ©classiques, correspondance que n’importe quelle oreille ne peut que ressentir confusĂ©ment, semble toujours l’une des plus justes occasions de comprĂ©hension et de ressenti de mouvements spiralĂ©s dans les formes du jazz. Cette musique, en effet, est Ă  la fois en constante Ă©volution, du moins jusqu’à ces vingt derniĂšres annĂ©es, et toujours absorbant les premiĂšres traces, ingĂ©rant l’ancien, le vĂ©nĂ©rant, l’improvisant et le réécrivant, non seulement pour y commĂ©morer une scĂ©nographie premiĂšre mais comme un passĂ© rĂ©miniscent, actif et fondateur, un ferment. Le jazz est une musique de jaillissement d’un prĂ©sent impĂ©rial. Cela n’a rien Ă  voir avec une vaine et puĂ©rile entreprise de redite ou de rĂ©pĂ©tition. Ces enfants actuels de King Oliver sont bien davantage free-jazzmen que tous les sympathiques français ou australiens qui voulurent copier, note aprĂšs note, comme le vain et habile Claude Luter les vĂ©nĂ©rables enregistrements Okeh ou Gennet qui – au dire des meilleurs spĂ©cialistes de jazz, critiques et musiciens – marquent les dĂ©but en 1923 du jazz orchestral enregistrĂ©. C’est cela l’Ɠuvre jazz, qu’on ne peut rĂ©duire au relevĂ© des partitions, des arrangements et des chorus improvisĂ©s une alliance entre forme et son, un respir et un supens. Un risque oĂč se rĂ©verbĂšre une lumiĂšre enivrĂ©e de son propre surgissement. Le son de chaque musicien – sa flamme, sa maniĂšre de chanter ou de retenir chaque note, sa façon mate et obstinĂ©e d’avancer le souffle ou le doigtĂ©, ou au contraire son impatience de feu – est une composante essentielle de l’Ɠuvre jouĂ©e et enregistrĂ©e. Aucun musicien ne saurait ĂȘtre exemplaire Ă  force d’anonymat. Il se fait une alchimie fĂ©conde et un art de la rencontre dans chacun des disques qui ont fait l’histoire du jazz orchestral. Et certains musiciens ne se penseraient pas sans la compagnie de quelques autres ou de l’orchestre qui fut, pour un temps plus ou moins long, sa maison et son Ă©crin. Billie Holiday a rencontrĂ© en Lester Young son alter ego. Hormis quelques faces enregistrĂ©es avec Django Reinhardt, Rex Stewart et mĂȘme Barney Bigard ne furent rien ou si peu sans l’orchestre de Duke Ellington. Dizzy ouvrit Ă  Parker le monde des musiques afro-cubaines
Aussi le simple projet qu’on pourrait transformer un disque enregistrĂ© en partition actualisĂ©e capable d’ĂȘtre jouĂ©e par des instrumentistes meilleurs techniciens, enregistrĂ©e dans de meilleurs conditions techniques, etc., est-il un total contre-sens. Effectivement, il faut Ă  la critique, sous peine de niaiseries sentimentales et de fadaises amphigouriques, se pencher sur les transcriptions des choses enregistrĂ©es. Qui sont bien Ă©videmment dignes d’études et peuvent Ă  leur tour servir de formules harmoniques et rythmiques Ă  bien des Ɠuvres de jazz ou d’autres musique, dont celle qu’on nomme par facilitĂ© que de verser dans la cĂ©lĂ©bration de l’improvisation contre l’écrit ou contre le projet musical, nous faudrait-il concevoir pleinement que certains des plus beaux moments enregistrĂ©s du jazz furent comme voulus et prĂ©parĂ©s par des prodiges d’écriture orchestrale qui leur servaient Ă  la fois d’abri et de rĂ©vĂ©lateur. Et se prononce et s’édifier l’art dĂ©licat de l’arrangement, en Ă  peine quelques annĂ©es qui vont des conventions collectives de l’improvisation nouvelle-orlĂ©anaise quelques melliflues plages de Kid Ory en 1922 et les quelques trente cires du CrĂ©ole Jazz Band d’Oliver en 1923 avec Armstrong comme second cornettiste jusqu’au dĂ©but des premiĂšres grandes phalanges de jazz le mĂȘme King Oliver avec ses Syncopators de 1926 Ă  1928, les dĂ©buts du Duke Ellington Orchestra, en 1926, les orchestres de Charlie Johnson de 1927 Ă  1929 et des frĂšres Llyod et CĂ©cil Scott, en 1927, et, surtout, l’orchestre pionnier de Fletcher Henderson qui dĂšs 1924 propose des arrangements inventifs et clairs qui servirent la grĂące d’Howard Scott et le gĂ©nie naissant de Louis Armstrong.Ici, j’ai le vif sentiment pourtant d’ĂȘtre Ă  cĂŽtĂ© et de me trouver dans la gĂȘne la plus extrĂȘme Ă  faire saisir au lecteur ce qui est actif au cƓur de la musique jazz », musique qu’il est toujours rĂ©ducteur et nĂ©gateur de rĂ©duire Ă  une simple tension esthĂ©tique. Est-il besoin de redire ici que la musique du peuple noir des Etats-Unis cĂ©lĂšbre tout d’abord des histoires de corps et de mĂ©moire, de malheurs et de rĂ©sistances des corps, des histoires de morts et de sexualitĂ©s, des puissances de la mort et du sexuel, autant de flĂšches du rĂ©el qui sont ordinairement refoulĂ©es et qui objectent, salutairement, Ă  toute conception mortifiante et surannĂ©e de la crĂ©ation en tant stratĂ©gie de refus du sexuel et du corps Un enregistrement phareMarquons ici une premiĂšre halte. Nous sommes en 1950. Ecoutons comment, en sa maturitĂ©, Louis Armstrong, entourĂ© de ses amis Barney Bigard, Jack teagarden et Cozy Cole, Ă©voque un enterrement Ă  la Nouvelle-Orleans, le plus foisonnant et fĂ©brile des berceaux de cette musique. Aventuriers de toute condition et de tout Ă©tage, esclaves noirs que la fin de la guerre de SĂ©cession laissent Ă©tourdis devant une libertĂ© encore brumeuse, marins. Il s’y fait de la musique partout des Ă©glises aux bordels, des cimetiĂšres aux bals, des docks Ă  l’OpĂ©ra. De la magie aussi. PenchĂ©e sur des cƓurs de tortues flottant dans l’eau herbĂ©e d’une bassine, la tante du futur pianiste Jelly Roll Morton, lit l’avenir aux voisins sur fond de piano mĂ©canique. L’oncle de Sidney Bechet est convoquĂ© pour hypnotiser au son d’un saxophone les infortunĂ©s patients du regrettable dentiste local. Dans cette citĂ©, lors des enterrements, les musiciens briquent leurs cuivres et accordent leurs vents, tendent au mieux les peaux de leurs tambours. Leurs Ă©pouses de carriĂšre ou d’occasion Ă©poussettent leurs habits de parade, c’est que, dĂšs qu’il faut mettre en terre un membre important de ces innombrables sociĂ©tĂ©s, congrĂ©gations, associations ou clubs plus ou moins occultes qui poussent comme champignons en Louisiane, chacun d’eux sait qu’il lui faut ĂȘtre de la partie. Les funĂ©railles dĂ©butent. La trompette sculpte un thĂšme recueilli, qui voue Ă  l’envol l’ñme du dĂ©funt comparĂ©e Ă  un oiseau enfin libĂ©rĂ© de la cage du corps, assolant l’éther, le trombone bruisse de longs glapissements funĂšbres alors que la clarinette joue Ă  l’unisson ou une tierce au-dessus de la partie de trompette. On enterre le mort. Le sourcil de chacun se fronce, les larmes coulent. Le cercueil est avalĂ© par le sol. BĂ©nĂ©dictions. Accolades. ChargĂ© jusqu'alors du soin de ponctuer sur sa grosse-caisse le pas trĂšs lent et trĂšs pesant du cortĂšge funĂ©raire, le joueur de tambour tient fermement une sĂ©quence rythmique pleine d’allant et qui, entraĂźnante, rĂ©veille la trompette toute encore Ă©perdue de la mĂ©lancolie rĂȘveuse de l’air qu’elle a jouĂ© et rejouĂ© tout au long de la marche vers le cimetiĂšre. La sonoritĂ© claire du tambour, qui contraste avec la matitĂ© sourde du jeu de grosse caisse, Ă©voque la lĂ©gĂšretĂ© de l'Ăąme s'en allant au paradis. Les escortes musicales d'un convoi funĂ©raire comptent au moins deux batteurs. L'un, qui joue de la grosse claire, est placĂ© Ă  la gauche d’un autre tout occupĂ© Ă  faire chanter la caisse claire.. Ici, dans cet enregistrement, aprĂšs la sĂ©quence jouĂ©e par Cozy Cole, et soufflant presque aussi fort que l’Ange Gabriel du Jugement dernier, voilĂ  Louis Armstrong qui entame, rudement, rapidement presque un air de marche. Trombones vigoureux et clarinettes et saxophones piaillants et pĂ©tillants suivent le pas. Et tous rentrent Ă  la maison du dĂ©funt pour faire bombance et licence aussi, parfois. De tels rites sont des survivances africaines qui ont pris le sens de la durĂ©e dans la dissimulation au sein des Églises spirituelles », Spiritual Church, toutes originaires de la Nouvelle-OrlĂ©ans, et qui ont Ă©tĂ© largement Ă©tudiĂ©es par les chercheurs amĂ©ricains sur le plan sociologique et anthropologique Baer & Singer, 1992 ; Jacobs & Kaslow, 1991. Leur spiritualitĂ© est perfusĂ©e de ce magico-religieux africain inspirĂ© du hoodoo » version louisianaise du vaudou » sans pour autant que ces institutions veuillent le reconnaĂźtre et encore moins le revendiquer de maniĂšre protestataire. Cette synthĂšse originale d'africanitĂ© initiatique, de rites catholiques et de spiritualitĂ© baptiste et pentecĂŽtiste est vĂ©cue par les participants comme une totalitĂ© idĂ©ologique et pratique non-conflictuelle. Et certains observateurs ont pu noter que le balancement du corps lors du premier temps de la procession avant qu’il ne soit inhumĂ© donc Ă©tait en exacte similitude avec la gestualitĂ© de vieux cultes Fons » et EwĂ©s » encore pratiquĂ©es, mais de façon rĂ©siduelle au NigĂ©ria ou au BĂ©nin et mĂȘme au Togo, lĂ  oĂč le culte des morts reste un devoir collectif. Une prĂ©cision supplĂ©mentaire et qui plaide en faveur de la thĂšse qui voit dans le rythme jazz une synthĂšse rĂ©ussie de ce qui a pu survivre de divers traditions percussives africaines et compte-tenu du fait que les guerriers et les sorciers Ashanti ont Ă©tĂ© aussi des esclaves prisĂ©s par les louisianais esclavagiste indique qu’il n'est pas impossible que l'after beat du jazz soit issu des traditions musicales ashanties tandis que la ternarisation du swing semble, quant Ă  elle provenir de l'influence yoruba » et congo », du moins bantoue ». Le pianisits Emmanuel Massrotir me confaiit il y a peut qu’écoutant, avec recueillement et admiration, un disque de Louis Armstrong dans lequel "Baby" Dodds joue sa batterie entendait dans les 43 des mesures de ce solo sont un authentique phrasĂ© de tambour congo Un mot encore sur cette seconde partie du disque, celle oĂč la fanfare avec une joie sĂ©rieuse appelle tous les participants Ă  s’éloigner de la demeure du mort, sa tombe, pour venir s’attabler au banquet des vivants. Le thĂšme qui est une marche a pour nom Didn’t He Ramble », ce qu’on pourrait traduire approximativement comme n’a t-t-il pas voyagĂ© ici sur terre ». En voici les paroles Didn't he ramble.... he rambled / Rambled all around.... in and out of towDidn't he ramble....didn't he ramble / He rambled till the butcher cut him downHis feet was in the market place...his head was in the street / Lady pass him by, said...look at the market meatHe grabbed her pocket book...and said I wish you well / She pulled out a forty-five...said I'm head of personnel
.You know he rambled...till the butcher...cut him down / I said he rambled...lord...'till the butcher shot him down »Qu’est ici la mort, ce boucher » lĂ  aussi un personnage mythique de la Nouvelle-OrlĂ©ans qui tĂŽt ou tard va vous abattre ? Une rĂ©surgence sans doute de thĂšmes sacrificiels. Dans l’effluence maniaque du repas funĂ©raire, les musiciens sont lĂ  pour mettre une ambiance qui impose la danse, le mouvement, impose Ă  la monochromie de la mort, le bariolage des corps qui vivent, mangent, pleurent, rient et peuvent s’aimer malgrĂ© tout, en dĂ©pit du dĂ©part irrĂ©versible d’un ou d’une autre, parce qu’à La Nouvelle-OrlĂ©ans comme ailleurs on aime Ă  penser que le dĂ©funt nous a pardonnĂ© et que bonne Ăąme il se rĂ©jouit de voir celles et ceux qu’il a laissĂ©s derriĂšre lui sur cette bonne vieille planĂšte absorber la vie Ă  pleine dent avec, au centre du festin, le grand cƓur de la musique qui continue Ă  battre et qui dit que le temps ne s’est pas arrĂȘtĂ© net. Et l’on se souviendra encore que les chants funĂšbres ashantis et yoroubas sont dans leur grande majoritĂ© des mĂ©lopĂ©es scandĂ©es lors des grands rituels de circoncision. Il fait peu de doute que pour d’authentiques musiciens de la Louisiane, jouer et enregistrer ce thĂšme dĂ©passait la simple performance esthĂ©tique ou scĂ©nique ; il y vivait un peu encore d’un sacrĂ©. Et rien ne saurait nous interdire de penser que Jelly Roll Morton enregistrant ce thĂšme en 1938 et en 1939, Kid Ory, en 1945, et Louis Armstrong enfin en 1950, se souvenaient de la part active qu’ils prirent dans certains rituels comprendra alors que ce disque, est, au delĂ  de sa valeur musicale superlative, un document de premiĂšre main qui enseigne sur la vie spirituelle de la Nouvelle-OrlĂ©ans, sur la façon dont les filles et fils d’esclaves Ă©taient passeurs d’africanitĂ©, quand bien mĂȘme, consciemment ils disaient ne rien en savoir, ou si peu, quand bien mĂȘme, efninf, c’est dans le but d’élargir leur palette thĂ©matique que certains grands crĂ©ateurs y puisĂšrent, dont Duke Ellington, alors que la sophistication de la culture musicale noire de Harlem, proche d’un ragtime surĂ©laborĂ© n’incluait pas le blues comme centre de gravitĂ© de son corpus ce qui n’était nullement le cas de ce qui vivait encore de musique Ă  La Nouvelle OrlĂ©ans, oĂč s’y dĂ©ployait Ă  Chicago ou Ă  Kansas-City.5. Du jazz comme histoire de corps et de rĂ©sistanceLe jazz est d’abord une histoire, une histoire de corps qui vivent, rĂ©sistent, se saluent, se dĂ©fient devant leur qualitĂ© de vivant malgrĂ© tout » et se balladent entre dĂ©sappropriation et rage de vivre. Il renvoie Ă  l’art de la lutte, du combat, il appelle sa mythologie qu’il expose et contemple. Le fantaisiste Perry Bradford, enregistrant un des premiers sinon le premier disque de "protest-song dĂ©diĂ© Ă  la stature du boxeur Harry Wills, qui fut volĂ© de son incontestable victoire, rend du mĂȘme coup, hommage Ă  ce corps qui rĂ©siste et l’emporte÷   clandestinement [1]. C’est du corps que cette musique retrouve et recrĂ©e en brassant par cette dĂ©sinvolture que seule permet la nĂ©cessitĂ© collective, song, jazz et blues. Corps de l’esclave, corps du baptisĂ© que secoue la transe religieuse, corps que captent les anciennes magies, ces sortilĂšges qui se rendent maĂźtres des puissances et des jouissances de la mort, mais corps aussi du spectacle. Et pourquoi le jazz aurait-il honte du sexuel et de l’excĂšs d’improvisation et de style, lui qui est une musique de survivants, nĂ©e dans les bouges, les tripots ou les bordels Ă  la mode de la Nouvelle-OrlĂ©ans, de Kansas City ou de New York ? Il y a un rapport net entre le jazz et les puissances de l’Éros qui fit de cette art l’écran projectif le plus somptueux que l’Occident ait jamais pu s’offrir en matiĂšre d’ grande musique noire amĂ©ricaine est un acte de mĂ©moire et de rĂ©sistance. Une crĂ©ation assise sur les chants religieux par lesquels les esclaves s’identifiaient aux HĂ©breux captifs de Pharaon et libĂ©rĂ©s par MoĂŻse, sur les chants de travail oĂč survivent des traces des polyphonies africaines, nourrie du blues et de son effet de condensation et de contamination de gammes, du ragtime aussi, ce mouvement oĂč Noirs et Blancs syncopĂšrent des thĂšmes proches de la musique classique au reste l’un des plus grands crĂ©ateurs de ragtime, Scott Joplin, a composĂ© un opĂ©ra Treemonisha dont le livret raconte la lutte spirituelle d’une jeune Noire pour se dĂ©livrer des sortilĂšges de la magie destructrice !Le jazz a accompli un prodigieux un saut de cĂŽtĂ© par rapport au ragtime – mouvement qui s’est Ă©puisĂ© de lui-mĂȘme – en revenant aussi Ă  la nature vocale de cette musique noire, nature soulignĂ©e par l’emploi de sonoritĂ©s Ă©tranglĂ©es, craintes ou pleurantes que faisaient entendre les sourdines des cornets et des trompettes de King Oliver, Tommy Ladnier ou Bubber Miley. Quant Ă  la chanteuse de blues Clara Smith, elle Ă©tait prĂ©sentĂ©e dans une publicitĂ© phonographique de 1924 comme the Queen of the Moaners» la reine des gĂ©misseuses , ce qui fait brĂšche aussi dans la prĂ©sentation conventionnelle d’une musique sans grain, propre sur elle, lisse et bien aspect-lĂ  du jazz a souvent Ă©tĂ© mal reçu par les industriels du show bizness amĂ©ricain qui prĂ©fĂšrent promouvoir l’ersatz, la copie diluĂ©e dans le flon-flon ou le faux sĂ©rieux, Ă  l’original. Dans le mĂȘme temps, de nombreux fils des immigrations europĂ©ennes, riches de traditions musicales europĂ©ennes, se tournĂšrent sincĂšrement vers le jazz et furent, pour certains d’entre eux Eddie Lang, Don Murray, Bix Beiderbecke, Joe Venuti, Benny Goodman, Ziggy Elman, des passeurs» entre le jazz noir et d’autres traditions, europĂ©ennes savantes, italiennes populaires et musique Blue noteIl semble donc qu’une analyse purement mĂ©tapsychologique ou musicologique de la chose Ă©crite et/ou jouĂ©e interdit de penser l’acte jazz comme affirmation d’un peuple qui ne se laisse plus dĂ©possĂ©der de son corps, en son rapport au beau, au vivant et Ă  la mort. Un des faits majeurs qui rend compte de la persistance de l’esthĂ©tique africaine est l’existence, dĂšs les formes les plus primitives du blues, de la Blue note, c’est-Ă -dire l'Ă©lĂ©vation d'un demi ton du 3Ăšme degrĂ© de la gamme pentatonique mineure, qui est supposĂ©e rĂ©sulter de la superposition de deux modalitĂ©s de gamme, gamme diatonique occidentale classique et non diatonique africaine. Le blues est fondamentalement constituĂ© d’accords de septiĂšme. Cette modulation Ă©tait certes connue aussi des musiciens classiques, elle est frĂ©quente chez FrĂ©dĂ©ric Chopin. Ce qui advient de neuf en musique avec et autour de la note bleue est une instabilitĂ© chromatique constitutive des liens Ă©troits, bien que non essentiels, entre blues et jazz. En effet, le blues canonique comporte trois accords de base tonique septiĂšme, – sous-dominante septiĂšme-tonique septiĂšme, – septiĂšme de dominante-tonique septiĂšme. La septiĂšme de dominante appelle bien l’accord de tonique parfait mais c’est pour le rabaisser d’un ton, de sorte que cette tonique lĂ  ne se trouve plus au mitan de la construction, ni Ă  sa fin. Une succession de septiĂšmes produit toujours un chromatisme indispensable Ă  la couleur» jazz. Du moins d’avant le be- bop qui dĂ©trĂŽne la septiĂšme de d o m i n a n t Controverses sur l’improvisationLes premiers improvisateurs jouaient davantage de l’ornementation et de la paraphrase Oliver, CĂ©lestin, Rena, Baquet, Picou, Piron, Dodds, Noone, SimĂ©on. Le passage du musicien prenant un solo au soliste de jazz Ă  part entiĂšre fut dĂ©cisivement accompli par Louis Armstrong, puis par Bix Beiderbecke et Red Allen, tous trois trompettistes. C’est bien Louis Armstrong qui a ouvert la voie au jazz soliste dĂšs 1926, dans ses enregistrements du Hot five orchestre du studio et qui lui a donnĂ© avec West end Blues et Thight like this une direction et une ampleur sans prĂ©cĂ©dent, deux annĂ©es aprĂšs son groupe avait alors pour nom Hot Seven.Du moment oĂč nous parlons de jazz», les clichĂ©s s’accumulent. Et celui de l’improvisateur inspirĂ©, nĂ©cessairement inspirĂ©, marchant Ă  l’aveuglette dans une semi-transe, devient plus qu’un clichĂ© une essentialisation idĂ©ologique de la musique de jazz. L’accent mis sur l’improvisation fait miroiter une scĂšne primitive oĂč surgissement du son et surgissement du monde se jettent, d’un mĂȘme jet et d’un mĂȘme souffle, au-dessus du vide. Libre, vraiment l’improvisateur ? Le jazz n’est pas un art sans contraintes. Et la mystification de l’improvisation rĂ©duite Ă  une marque de fabrique et Ă  quelconque label d’ authenticitĂ© » sonne faux. Combien de rĂ©unions anthologiques de musiciens, poussĂ©s sur la scĂšne de trop de festivals par les Ă©curies discographiques dont ols sont les poulains ou les chevaux fourbus, se sont rĂ©vĂ©lĂ©es de vĂ©ritables dĂ©sastres, sans sĂšve, sans tendresse, sans lumiĂšre! Mais encore Clark Terry nous explique comment le rĂȘve des racines en jazz reste bien Ă©loignĂ© de toute pĂ©trification musĂ©ographique Chez Ellington, il y avait les individualitĂ©s les plus dissemblables, mais il savait les utiliser en groupe aussi bien qu’en soliste. Il avait le talent de faire jouer les gens comme il le souhaitait, par exemple pour A drum is a woman [2]. Il me dit “eh sweetie [3], je voudrais que tu fasses le portrait de Buddy Bolden [4]. Tu es Buddy Bolden. Ce gars aimait les belles femmes, les beaux vĂȘtements. Il avait une sonoritĂ© tellement puissante que lorsqu’il s’accordait on pouvait l’entendre depuis l’autre rive du fleuve. Il savait jouer de belles inflexions, travailler la note, il aimait les altĂ©rations”. Alors j’ai jouĂ© Buddy Bolden et le Duke m’a dit “C’est tout Ă  fait ça !” » Jazz Hot, n° 335, p. 17.La naissance puis l’épopĂ©e du jazz c’est aussi et encore celle de la collectivitĂ© qui assume et marque les formes, les valeurs et les rythmes. En ce sens le jazz cĂ©lĂšbre une survivance et un surgissement, celui d’une conscience qui surmonte ce qui avait effet de l’anĂ©antir, de la retirer sans rĂ©mission de la scĂšne de l’histoire. Il cĂ©lĂšbre par les ruses de l’improvisation un Ă©cart, un autre chant, un clair obscur. De sorte qu’il n’est pas de jazz sans rapport Ă  la remise en jeu d’un originaire, d’un noyau originaire qui serait parlĂ© par le l’improvisation, ce maĂźtre mot qui fige les dĂ©bats, qu’en dire encore ? Qu’on m’autorise un parallĂšle avec ce que le surrĂ©alisme a su capter de la psychanalyse. Le jazz, parce qu’il y a improvisation, trouvailles et dĂ©placements de traces, renvoie Ă  une traversĂ©e de l’épaisseur des mĂ©moires et des rĂȘves. Un rĂ©el mĂ©morial y insiste dans la cĂ©lĂ©bration immĂ©moriale du surgissement du cri, de la fĂȘlure, du rythme et du son. L'improvisation – qui est essentielle au jazz – a peu Ă  peu Ă©voluĂ© d'un jeu basĂ© sur les harmonies d'un thĂšme Ă  l'intĂ©rieur d'un cadre rigoureux vers une libertĂ© absolue qui peut l'identifier Ă  une forme d’écriture automatique avec Ă©videmment les risques de panne, de bavardage, de ressassement que contient ce genre d’exercice. Les premiers improvisateurs jouaient davantage de l’ornementation et de la paraphrase Oliver, CĂ©lestin, Rena, Dodds, Noone, SimĂ©on. Le passage du musicien prenant un solo au soliste de jazz Ă  part entiĂšre fut dĂ©cisivement accompli par Louis Armstrong, puis par Bix Beiderbecke et Red Allen, tous trois trompettistes. C’est bien Louis Armstrong qui a ouvert la voie au jazz soliste dĂšs 1926, dans ses enregistrements du Hot five orchestre du studio et qui lui a donnĂ© avec West end Blues et Thight like this une direction et une ampleur sans prĂ©cĂ©dent, deux annĂ©es LibertĂ© libertaire sans du passĂ© faire table raseLĂ  encore les termes nous piĂšgent. Il n’est pas jusqu’à la libertĂ© du free jazz qui n’aille sans un souci affirmĂ© et le plus souvent abouti de thĂ©ories et de recherches La culture musicale de CĂ©cil Taylor, la rigueur thĂ©orique et la fertilitĂ© des expĂ©rimentations du saxophoniste Anthony Braxton ne sont plus Ă  souligner. Le lĂącher-prise du free-jazz casse des codes esthĂ©tiques contraignants, il n’invite pas au n’importe quoi. L’initiateur de ce courant fort important au plan de la dĂ©claration esthĂ©tique et politique des communautĂ©s afro-amĂ©ricaines, Ornette Coleman, a Ă©crit une symphonie Skies of America pour grand orchestre avec sa thĂ©orie qu’il baptisa harmolodique et qui vise Ă  Ă©tendreau plus les polyrythmies et les polytonalitĂ©s. Il est clair que l’improvisation sans culture n’a jamais donnĂ© de rĂ©sultats satisfaisants ni rien qui ait pu faire Ă©cole et transmission au sein du continent jazz. que seuls des amas de prĂ©jugĂ©s peuvent rĂ©duire Ă  des happenings primitifs et spontanĂ©s. Aussi pourrions nous repĂ©rer des Ă©pisodes de l’improvisation en jazz qui feraient intervenir plusieurs paramĂštres dont les plus dĂ©cisifs seraient a Le rapport aux thĂ©ories musicales et Ă  la culture musicale rythmique et harmonique de l’ Le lien entre l’improvisation et l’écriture encore une fois il faut insister sur le fait que les musiciens les plus inventifs peuvent ĂȘtre davantage inspirĂ©s en Ă©tant soutenus par une partition soignĂ©e, parfois taillĂ©e Ă  leur intention, comme c’est le cas pour Duke Ellington ou Gil Evans, qu’en dĂ©fiant pour la Ă©niĂšme fois les mĂȘmes collĂšgues sur des standards Ă©culĂ©s ou sur la gamme canonique du blues.c La valeur subjective de l’acte d’improviser, ce grand duel avec la partie la plus libre de soi-mĂȘme. Coltrane jouant My favorite thing, cette valse sympathique et Ă©culĂ©e, en fit l’un de ses espaces sonores les plus intimes auquel il fut des plus fidĂšles, allant du chantant des premiĂšres versions Ă  la vĂ©hĂ©mence explosĂ©e des ultimes saxophoniste J. L. Chautemps Ă©crit Je vois la musique comme une exploration de l'inconscient, une sorte de psychanalyse. Il faut couler toujours plus loin dans l'Ă©paisseur du rĂȘve ». Jazz Hot, n°187, p. 18. Aussi bien voit-on que les crĂ©ateurs de jazz ne font pas assumer Ă  cette musique la fonction de genre anti-genres » spĂ©cifique de l’idĂ©ologie postmoderne du mĂ©tissage gĂ©nĂ©ralisĂ©, de l’absence de hiĂ©rarchisation des valeurs esthĂ©tiques ou artistiques, elle n’illustre pas une sorte de logique de l’instant contre le poids de l’hĂ©ritage et de la tradition. Si leur combat a eu un sens c’est bien dans celui de rendre vivante une tradition en la faisant pĂ©riodiquement Ă©merger de dessous les travestissements commerciaux oĂč elle se relĂ©guait au prix de ne se grimer que De l’inactuelle urgence, actuellement nĂ©cessaire ou bref hommage aux passeurs »Aussi bien voit-on que les crĂ©ateurs de jazz ne font pas assumer Ă  cette musique la fonction triste d’un genre anti-genres» spĂ©cifique de l’idĂ©ologie postmoderne du mĂ©tissage gĂ©nĂ©ralisĂ©, de l’absence de hiĂ©rarchisation des valeurs esthĂ©tiques ou artistiques, l’improvisation en jazz n’illustre pas une sorte de logique de l’instant contre le trĂ©sor de l’hĂ©ritage et de la tradition. Si leur combat a eu un sens c’est bien dans celui de rendre vivante une tradition en la faisant pĂ©riodiquement Ă©merger de dessous les travestissements commerciaux oĂč elle se relĂ©guait au prix de ne se grimer que les passeurs, s’ils ne sont pas lĂ©gion, traversent pour certains toute l’histoire du jazz qu’ils portent sur leur dos et Ă©voquent dans leur souffle. Tel un Atlas noir, Coleman Hawkins porte la planĂšte jazz de Fletcher Hendersons Ă  Sonny Rollins, en passant par Miles, Monk, Bud Powel ou Fats Navarro. Mais dĂ©jĂ  King Oliver ce n’est plus tout Ă  fait cette Nouvelle-OrlĂ©ans que l’on entend encore en 1927 chez Papa CĂ©lestin ou Louis Dumaine. En fondant le jazz enregistrĂ© il rend crĂ©pusculaires les fanfares louisianaises et s’envole pour un solo serrĂ©, vĂ©hĂ©ment, dans son Dippermouth Blues, solo qui ne trouve Ă  la mĂȘme Ă©poque d’équivalent que dans l’inquiĂ©tude lyrique d’un Tommy Ladnier sculptant ses phrases, lui aussi Ă  la trompette bouchĂ©e, dans un Play that thing de lĂ©gende. Le pianiste, compositeur et chef d’orchestre, Jelly Roll Morton rĂ©invente la Louisiane et fait danser en elle le poivre de l’Espagne et rougir le sucre de la culture crĂ©ole. Bix Beiderbecke, cet enfant de l’immigration allemande le jazz a toujours Ă©tĂ© accueillant aux exilĂ©s, pleure de joie, d’émotion et de ferveur devant Bessie Smith et Armstrong, et se passionne Ă©galement pour Debussy, Ravel et GrofĂ©. Il invente ce qui sera plus tard le jazz cool, celui du second Miles et de Chet Baker – et nous ne sommes pas encore en jazzman est un producteur d’innovations, d’oĂč la rĂ©alitĂ© de cette musique trop souvent rĂ©duite Ă  la mĂ©canique de son supposĂ© prĂ©-carrĂ© improvisation et ancrage sur le blues, mais de fait musique de musiciens pour musiciens toujours Ă  la tĂąche de repenser la tradition et d’inscrire cette crĂ©ation continuĂ©e dans un dialogue avec les autres bouleversements musicaux que connaissent les musiques de la aventure du jazz en dialogue date depuis prĂšs de quatre-vingt ans. La nouveautĂ© profonde du Sacre de Stravinsky et les quasi Ă©meutes qui suivirent la premiĂšre prĂ©sentation de cette Ɠuvre Ă  Paris, en 1913, aidĂšrent sans doute Ă  l’acceptation et Ă  la comprĂ©hension du jazz en France. Darius Milhaud, que son amie Yvonne Georg emmĂšne Ă  Harlem, y achĂšte lĂ  les disques de la premiĂšre compagnie phonographique d’importance destinĂ©e au public noir, les Black Swann on y trouvait les enregistrements du pĂšre des grands orchestres de jazz, Fletcher Henderson et ceux de la chanteuse Ethel Waters. On connaĂźt la pense que ce dont le jazz a le plus besoin est cette confrontation renouvelĂ©e avec les expĂ©rimentations musicales les plus actuelles. Il s’étiolerait Ă  se fondre dans une world music oĂč, rĂ©duit Ă  ses stĂ©rĂ©otypes, il se figerait dans une actualitĂ© de mode sans Ă©paisseur, sans mĂ©moire et sans bien pensant de cette dĂ©rive qui a toutes les faveurs d’un public amnĂ©sique ou inaverti permet au moins de poser une problĂ©matique essentielle. On supposera que chaque Ă©poque a pu donner naissance Ă  des expressions abouties, des synthĂšses admirables de ce qui Ă©tait antĂ©cĂ©dent ou Ă©pars dans la contemporanĂ©itĂ© oĂč elle se sont produites, ce pourrait ĂȘtre le cas » de Bach en classique ou de Fats Waller, ce pianiste de jazz qui a produit la synthĂšse la plus riche du blues, du ragtime, du stride »[5] et du swing., mais aussi Ă  des crĂ©ateurs qui, explorateurs de l’intermĂ©diaire et de l’encore indĂ©cis, sont des passeurs vers un autre monde esthĂ©tique. LĂ  me vient Ă  l’esprit l’Ɠuvre d’une Barbara Strozzi ou d’un Orlando Gibbons, et en jazz, la musique jungle de Duke Ellington, l’itinĂ©raire d’un Eric Dolphy ou d’un Ornette Coleman, et l’Ɠuvre entiĂšre de John Coltrane. Ce qui est mortel en musique est la rĂ©duction d’une crĂ©ation Ă  des recettes et des formules qui sont ressassĂ©es jusqu’à l’usure sans le moindre souci de dĂ©passement. Le jazz souffre beaucoup de sa rĂ©duction Ă  des procĂ©dĂ©s et Ă  des clichĂ©s. Combien de sous-Miles Davis ! combien de copiste besogneux sans souffles et sans Ă©lans ! Et lĂ  oui il y a une hiĂ©rarchie Ă  faire entre la crĂ©ation et la redite. Penser l’actualitĂ© du jazz c’est aussi ne rien vouloir distendre du lien exigeant et amoureux entre expĂ©rimentation et improvisation, entre ombre et lumiĂšre, entre Ă©criture et Ă©vĂ©nement. Certaines crĂ©ations sont-elles encore promises Ă  la longue durĂ©e ? Je compterai pour ma part encore beaucoup sur les effets en musique des thĂ©oriciens comme Ornette Coleman et Anthony Braxton, je l’ai assez dit. Il me semble aussi que la grande leçon du risque improvisĂ© en promesse dĂ©jĂ  chez King Oliver, portĂ©e Ă  son incandescence chez Ayler peut se continuer chez le saxophoniste David S. RepĂšresHenry Red » Allen 1908-1967Fils d’un fameux leader d’orchestre de parade de la Nouvelle-OrlĂ©ans, ce trompettiste, repĂ©rĂ© par King Oliver, s’affirme dĂšs la fin des annĂ©es 1920, comme un novateur de premier plan, jouant sur des sonoritĂ©s contrastĂ©e, des stridences aux murmures, et usant de rythmes asymĂ©triques. Il fut aussi un chanteur expressif. Patrol Wagon Blues, 1930, I cover the Waterfront, 1957, Tuxedo Junction – avec Kid Ory, 1959. A redĂ©couvrir d’ Satchmo » Armstrong 1901-1971La jeunesse agitĂ©e de ce trompettiste lui doit d’avoir Ă©tĂ© Ă©duquĂ© aux subtilitĂ©s des arts de parade par un instrumentiste Ă©mĂ©rite et professeur dans un Institut de rééducation de jeunes dĂ©linquants ; il a ensuite Ă©tĂ© formĂ© par King Oliver aux fondamentaux du Jazz Nouvelle-OrlĂ©ans. Louis Armstrong a fondĂ© la dimension de l’improvisation en jazz. Il apparaĂźt d’emblĂ©e comme extrĂȘmement en avance sur son temps dĂšs ses rares solos enregistrĂ©s au sein du CrĂ©ole Jazz Band de son maĂźtre Oliver Chimes, Riverside Blues, 1923. Il enrichit son langage rythmique et harmonique chez Fletcher Henderson, en 1924, comme le firent aussi Coleman Hwakins pour le saxophone et Jimmie,Harrison pour le trombone. Magnifique accompagnateur de chanteuses de blues Saint Louis Blues avec Bessie Smith, 1925, il prend le risque de mettre en places deux petits ensembles de studios les Hot Five, puis les Hot Seven, de 1925 Ă  1927 Cornet Chop Suey, 1926, West end Blues et Thight like this, 1928 dans les cadres desquels il s’invente comme soliste de jazz. Passera ensuite par de longs sĂ©jours dans des grands orchestres dont celui de Luis Russel avant de recomposer en 1947 un petit combo, ses All-Stars oĂč brillent des individualitĂ©s qu’on ne saurait cantonner dans le seul registre du jazz classique de la Nouvelle-OrlĂ©ans Earl Hines, Barney Bigard, Trummy Youg, ou Big Sid Cattlet, ce dernier est le parangon du batteur swing et au sein duquel il grave quelques concerts d’anthologie Boston, 1947. Il fut un des chanteurs les plus Ă©mouvants de toute l’histoire de la musique afro-amĂ©ricaine Back O’ Town Blues, 1946. Un des vrais fondateurs du Ayler 1936-1970Amplement nourri des traditions blues et rythm’and blues, ce saxophoniste mĂ©tĂ©orite, saluĂ© Ă  ses dĂ©buts par un des plus classiques instrumentistes qui soit Don Byas, est le souffle mĂȘme du jazz free. En son jeu coagulent et renaissent la musique des Ă©glises noires, des orchestres de parade, des premiĂšres improvisations Nouvelle-OrlĂ©ans. Poignant, crĂ©atif et sincĂšre, son art rĂ©capitule sans emphase encyclopĂ©dique toute l’histoire et la prĂ©histoire du jazz, emportant avec lui cet hĂ©ritage vivant dans des risques oĂč jamais la spiritualitĂ© et l’élan vital ne se trouvent mis en arriĂšre-plan. Sans doute un des musiciens le plus nĂ©cessaire pour entendre les musiques qui ont fait le jazz et pour pressntir ce que pourrait ĂȘtre un futur possible pour cette musique Tout chez lui est Ă  Ă©couter, on pourra commencer Ă  faire connaissance avec sa sonoritĂ© formidable en entendant Bells 1965. A en la personne du français Daunik Lazro un disciple de premier ordre, intransigeant et Bismark Bix » Beiderbecke 1903-1931Issu de l’immigration allemande et nĂ© dans une famille de musicien, ce pianiste prĂ©coce s’invente Ă  15 ans une technique de cornet Ă  piston peu orthodoxe. Vite saisi par le virus du jazz nouvelle-orlĂ©ans,, Ă  l’écoute des musiques jouĂ©es sur les bateaux Ă  aubes qui remontent le Mississippi, il fera ses classes musicales Ă  l’AcadĂ©mie militaire de Lake Forrest. DĂšs ses premiers enregistrements au cornet Ă  piston avec un groupe d’étudiants Les Wolverines, il fait valoir ses principales qualitĂ©s et caractĂ©ristiques jeu doux, vibrant, sensible Jazz me blues, Tiger rag, 1924. Auditeur passionnĂ© des grands jazzmen noirs du Chicago, il aurait participĂ© Ă  une improvisation collective de lĂ©gende avec Louis Armstrong. Son grand commensal et partenaire musical est le saxophoniste Frank Trumbaueur. A eux deux, dĂšs 1926, ils prĂ©figurent le jazz cool » Singin’ the blues, 1927 qui fut plus tard revendiquĂ© par Lester Young. Il a souvent enregistrĂ©, excellemment entourĂ© de musiciens blancs qui, tous, ont contribuĂ© Ă  d’essentielles Ă©volutions stylistiques et techniques de leurs instrument, Eddie Lang, pour la guitare, Joe Venuti pour le violon, Don Murray pour la clarinette, Bill Rank pour le trombone, Lennie Hayotn pour le piano et les arrangements, Jimmy Dorsey pour la clarinette Sorry, 1927, Bessie couldn’t help it, 1930. Sera engagĂ© dans l’orchestre de jazz symphonique que dirige Paul Whitheman, figure chaleureuse et humaniste d’un jazz ampoulĂ© et accommodĂ© dans toutes les sĂ©ductions syncrĂ©tiques et commerciales possibles, mais accouchant de rares rĂ©alisations belles et rigoureuse oĂč l’écriture de l’arrangeur Bill Challis brille dans d’opportunes miniatures pour trompette et grand orchestre qui permettent Ă  Bix de livrer le meilleur de lui-mĂȘme Lonely melody, 1928. PassionnĂ© des harmoniques qu’apportent les musiques europĂ©ennes de son temps Debussy, il a enregistrĂ©, pour le piano, un manifeste esthĂ©tique d’avant-garde In a Mist, 1927.Leon Albany Barney Bigard 1906-1980Clarinettiste. AprĂšs des dĂ©buts vaseux chez King Oliver se rĂ©vĂšle chez Duke Ellington dĂšs 1927. Grave en 1929 des trios de lĂ©gende avec le pianiste Jelly Roll Morton dont Turtlle Twist. FlexibilitĂ©, Ă©motion, jeu bluesy, swing
 , Bigard est sans doute avec Bechet et Dodds un des meilleurs clarinettistes de jazz dont tout le talent a Ă©tĂ© mis en valeur par de mini concertos arrangĂ©s par le gĂ©nie d’Ellington Clarinet Lament, 1936. Ce qu’il a enregistrĂ© aprĂšs avoir quittĂ© la phalange ellingtonienne est trĂšs inĂ©gal, mis Ă  part son premier passage rayonnant chez Louis Armstrong, de1947 Ă  1955 Do you Know what it means to miss New-Orleans, 1947.Anthony BraxtonCe compositeur et musicologue, jouant de tous les saxophones est nĂ© en 1945. Avec CĂ©cil Taylor il reprĂ©sente la pointe extrĂȘme et nĂ©cessaire du dialogue entre jazz et musique occidentale d’avant-garde, au point que devant une telle exigence les Ă©tiquettes chutent d’elles-mĂȘmes. Une haute idĂ©e de l’improvisation servie par une culture musicale colossale. Loin des modes et des esbroufes, son art est une exploration rigoureuse des combinatoires des espaces sonores, des interlocutions de timbres et d’harmoniques. Composition n° 147, 1898Ornette ColemanCe compositeur, saxophoniste et violoniste est nĂ© en 1930. Lyrique et animĂ©e d’une Ă©nergie irrĂ©sistible, son art gĂ©nĂ©reux faits de petits airs qui s’enchevĂȘtrent dans des tapisseries musicales audacieuses, rĂ©vĂšle une passion pour la libertĂ© impatiente qui fulgurait dĂ©jĂ  chez Charlie Parker. Amateur et promoteur de nombreuses rencontres musicales, avec des musiciens traditionnels, des stars du Rock, etc. il a en 1960 tentĂ© une expĂ©rience fort probante d’enregistrer deux quartets se rĂ©pondant entre eux, chacun formĂ© d’un saxo, d’une trompette,d’une basse et d’une batterie. C’est Free-Jazz, paru chez Atlantic. John Coltrane 1926-1976Ancien sideman de Johnny Hodges et Miles Davis, ce saxophiniste et chef d’orchestre s’impose comme le plus important musicien de l’aprĂšs-bop. Par de grandes improvisations tonales et modales il bouleverse le langage du jazz. Adepte d’une communication avec d’autres musiques dont, surtout la musique indienne, il est le musicien de la quĂȘte et de l’absolu. My favorite things, versions de 1960 et de 1967 – the Olatunji concert, Ascencsion, 1965, Expression, 1967Dewey Miles Davis 1926-1991Ce trompettiste qui dĂ©buta aux cĂŽtĂ©s de Charlie Parker Donna Lee, 1947 reste une star, son jeu, pourtant, est encore mal connu. Prestidigitateur pudique ou grandiloquent, maĂźtre des silences, des dĂ©rapages et des fulgurances, cet artiste a tentĂ© de nombreuses expĂ©riences musicales en Ă©chappant Ă  toute rĂ©duction taxonimique. Avec cela qu’il ressemble un peu Ă  ces trains de théùtre qui donnent l’illusion du mouvement du moment que bouge, derriĂšre eux, le dĂ©cor. Il lui arrivait d'utiliser les modes grecs pour composer.. Il prĂ©fĂ©rait, par exemple, aux gammes mineures mĂ©lodique et harmonique le mode Dorien Ă©laborĂ© Ă  partir du 2Ăšme degrĂ© de la gamme majeure. Sa sonoritĂ© feutrĂ©e et sĂ©duisante sera durcie par la rĂ©verbĂ©ration qu’apportent les Ă©lectrisations. VĂ©ritable crĂ©ateur du jazz-rock et seul, avec le batteur Tony Williams, a donnĂ© quelque Ă©lan Ă  ce courant vite Ă©puisĂ©, Miles a passĂ© son temps Ă  se chercher et Ă  nous sĂ©duire
 sans que son retour, dans les annĂ©es 1980, au-devant d’une scĂšne conquise d’avance n’ait apportĂ© quoi que ce soit de dĂ©cisif. Son parcours avec Gil Evans est de toute subtilitĂ© et de toute sĂ©duction, mais c’est dans les albums Britches Brew 1969 et Agharta 1975, qu’on le sent le plus concernĂ©, le plus indispensable et le plus libre. Johnny Dodds 1892-1940Clarinettiste. DĂ©bute ses classes en 1920 avec King Oliver. Est de toutes les formations majeures du jazz Nouvelle-OrlĂ©ans recomposĂ© et mĂ»ri Ă  Chicago King Oliver Creole Jazz Band, King Oliver Syncopators, Jelly Roll Morton Red Hot Peppers, Louis Armstorng Hot Five et Hot Seven. Son jeu se caractĂ©rise par un profond sens du blues, un lyrisme pudique et fier, une attaque dĂ©cisive dans les aigus et une sonoritĂ© profonde dans les graves. IndĂ©passable dans l’art du contrepoint lors des improvisations collectives. Ă  Ă©couter Perdido Street blues, 1926, Wild man Blues avec le trompettiste Charlie Shavers, 1938Edward Kennedy Duke » Ellington 1899-1974,Pianiste et chef d’orchestre, Compositeur. CrĂ©ateur de l’esthĂ©tique du grand orchestre de jazz, pianiste influencĂ© par l’école de Harlem des annĂ©es 1920 James P. Johnson, Fats Waller, Willie Smith the Lion » et Ă©voluant vers un style plus sobre et plus incisif, davantage audacieux harmoniquement. On se reportera aux morceaux citĂ©s, tĂ©moignages de sa premiĂšre pĂ©riode, dite jungle » caractĂ©risĂ©e par un alliage entre la raucitĂ© des cuivres que vocalise l’usage omniprĂ©sent de sourdines en caoutchouc et la douceur des saxophones. Une pĂ©riode plus tardive 1939-1941 est considĂ©rĂ©e comme l’apogĂ©e de l’art de Duke Ellington, pĂ©riode marquĂ©e par une plus grande flexibilitĂ© Ko-Ko, Jack the Bear, Bleu Serge. DĂšs le milieu des annĂ©es 1950, le Duke revient sur sa carriĂšre et met Ă  jour son rĂ©pertoire. Il a su appeler prĂšs de lui des figures d’avant-garde A. Shepp ou E. Jones ou enregistrer avec d’autres dont John Elmore Gil Evans 1912-1988Ce pianiste arrangeur et chef d’orchestre , autodidacte a Ă©mancipĂ© la traditionnelle et efficace organisation par sections de cuivres et d’anches du grand orchestre de jazz due Ă  Fletcher Henderson et Don Redman. Il a de plus inventĂ© des alliages sonores en mettant en valeur des instruments jusqu’à lui inusitĂ© en jazz cor hautbois, tuba. Ses toiles sonores, hautement intelligentes et sophistiquĂ©es, sont des Ă©crins quiaident les improvisateurs Ă  aller de plus en plus loin dans la prise de risque et le dialogue avec la masse orchestrale, tout autant. A longtemps prĂȘtĂ© main forte Ă  Miles Davis albums Miles ahead », 1957, Sketches of Spain », 1959. TrĂšs beau travail avec Steve Lacy Ă  la toute fin de sa vie Reincarnation of a love bird 1987Coleman Bean » Hawkins 1904-1969Saxophoniste. Muni d’un trĂšs bon bagage musical, fait partie de l’orchestre de son collĂšge. Membre rĂ©gulier de l’orchestre de Fletcher Henderson de 1922 Ă  1934. Divers sĂ©jours en Europe oĂč il rencontre Django Reinhardt et enregistre avec lui Honeysuckle Rose, 1937. De retour aux USA bouleverse tous les jazzman par son interprĂ©tation de Body and Soul 1939 oĂč sa sonoritĂ© achĂšve de devenir pulpeuse au service d’un lyrisme impĂ©rieux. Il saura entendre la rĂ©volution bop et l’accompagner, en enregistrant, par exemple, un duo avec Sony Rollins, en 1963 dont Just Friends et SummertimeFletcher Henderson 1897-1952Le pĂšre incontestĂ© de tous les grands orchestre de jazz. Ce pianiste discret, subtil accompagnateur des grandes chanteuses de jazz et de blues de son Ă©poque E. Waters, C. Smith, B. Smith, a formĂ© son premier grand orchestre au dĂ©but des annĂ©es 24. La plupart des grands solistes des annĂ©es 20 et 30 frĂ©quentĂšrent ses phalanges Louis Armstrong aprĂšs avoir quittĂ© King Oliver, Rex Stewart, Red Allen Roy Eldridge, Tommy Ladnier, Joe Smith, mais aussi et encore Benny Carter, Don Redman et Coleman Hawkins, jusqu’au bopper Art Blakey. Sa phalange Ă©tait un lieu d’expĂ©rimentation au sein de laquelle les instrumentistes, stimulĂ©s par le fait de jouer en sections importantes, eurent Ă  cƓur de faire Ă©voluer leur technique instrumentale et le rĂŽle mĂȘme de leur instrument, que ce soit les saxophonistes Coleman Hawkins et Benny Carter, le tromboniste Jimmie Harrison, les trompettistes Louis Armstrong et Rex Stewart ou le batteur Kaiser Marshall. A cĂŽtĂ© de Duke Ellington, et un peu avant lui, Henderson a inventĂ©, avec ses sidemen Don Redman et Benny Carter les arguments classiques de l’arrangement jazz jeu en section, prĂ©paration des solos par un tissus orchestral ad hoc. Copenhagen en 1924 montre comment le langage orchestral proposĂ© permet Ă  Louis Armstrong de faire Ă©voluer rapidement son bagage rythmique, les chefs d’Ɠuvre abondent au sein desquels nous indiquerons Figety Feet 1926, Queer notions 1933, Christopher Colombus 1934. Une foule immense suivit son cercueil, Ă  Harlem New York CityPaul Gonsalves 1920-1974En 1956, lors du festival de jazz de Newport, le saxophoniste tĂ©nor Paul Gonsalves qui jouait avec l’orchestre de Duke Ellington donnant pleine extension Ă  son rapport au temps dĂ©tachĂ© et fluide, semblant parfois pressentir ce qui pourra se dĂ©rouler un paquet de mesures Ă  l’avance, a confiĂ© Ă  la cire une des improvisations les plus libres, les plus fluides et les plus lunaires de toute l’histoire du jazz The diminuendo and the Crescendo in Blues . L’oreille attentive pourra entendre, dans le lointain de cet enregistrement, les grommellements approbateurs puis enthousiastes du Duke lui-mĂȘme. CitĂ© par le saxophoniste de free jazz David Murray comme une de ses influences Guy 1897-1971Ce banjoĂŻste a vĂ©cu toute sa carriĂšre dans l’orchestre du Duke ». A contribuĂ© par son tempo solide et plein d’allant a la rĂ©ussite des premiers climats jungle de l’ Billie Holiday 1915-1959Chanteuse, de loin la plus envoĂ»tante de toutes les conteuses jazz. SensualitĂ©, fragilitĂ©, expressivitĂ© souveraine font de son art l’exemple mĂȘme de la force Ă©motionnelle en jazz. Billie qui Ă©tait plus le blues qu’elle ne l’a chantĂ© a trouvĂ© dans le saxophoniste Lester Young son plus digne chevalier servant, Ă  hauteur d’inspiration l’un de l’autre. Bien qu’elle ne l’ait pas créée, elle a su s’approprier une composition d’un rĂ©alisme poignant Ă  propos du lynchage public de noirs aux USA par les racistes blancs du Sud du pays Strange fruit, 1939, thĂšme qui sera bien repris aussi par S. Bechet accompagnĂ© du pianiste Willie Smith The Lion », deux ans plus tard.Thomas Tommy » Ladnier 1900-1939Avant de confirmer sa classe dans l’orchetre de Fletcher Henderson de 1926 Ă  1928, ce trompettitte joue avec Olie Powers, Fate Marable et King Olivier. A voyagĂ© Ă  la toute fin des annĂ©es 1920 et au dĂ©but des annĂ©es 1930 en Europe, notamment Ă  Moscou, Londres et Paris. RedĂ©couvert au tout dĂ©but du mouvement revival » du jazz Nouvelle-OrlĂ©ans, Ladnier a laissĂ© l’empreinte d’un jeu dĂ©pouillĂ©, nourri de blues, oĂč le poids de chaque note compte. Play that Thing, 1923, Dyin’ by the Hour –avec Bessie Smith, 1928, Really the Blues, 1938James Bubber Miley 1903-1932Ce trompettiste accompagne dĂšs l’ñge de 18 ans la chanteuse Mamie Smith. L’écoute du King Oliver Creole Jazz Band lui procure une rĂ©vĂ©lation. Il se passionne pour les sourdines et enregistre en solo accompagne par un orgue en 1924. Sera par la suite engagĂ© par Duke Ellington de 1924 Ă  1929, avec qui il grave les plus impressionnants morceaux de style jungle The Mooche, Black and Tan Fantasy, Creole love call, Blues I love to sing. Sa grande imprĂ©gnation du style et du tempo des musiciens de la Nouvelle-OrlĂ©ans se conjugue Ă  un style droit issu du voicing des prĂ©dicateurs noirs du Sud des AprĂšs son dĂ©part de l’orchestre du Duke » est engagĂ© dans diverses formations dont celle de LĂ©o Riesmann, oĂč, pour des raisons de sĂ©grĂ©gation, il est astreint Ă  jouer derriĂšre le rideau, lors que tous jouent sous le plein soleil des projecteurs ; il n’en gravera pas moins un ultime chef d’Ɠuvre What is this thing called love ? avec cet orchestre en janvier Jr. Charlie » Mingus 1922-1979Ce pianistes dĂ©licat et contrebassiste puissant, admirateur de Jelly Roll Morton et de Duke Ellington, dans l’orchestre duquel il a briĂšvement jouĂ©, a eu comme plus proches partenaires Eric Dolphy et Fats Navarro. Homme noir en colĂšre contre les injustices qui oppriment son peuple, Charles Mingus est un musicien engagĂ©. C’est un formidable catalyseur d’énergie, et un accompagnateur extrĂȘmement stimulant, sensible, audacieux. Nul n’a fait comme lui parler » la contrebasse. Blues and roots, 1959, Goodbye Porkpye Hat, 1977.Ferdinand Joseph Jelly Roll » Morton 1885-1941Pianiste issu du ragtime et crĂ©ole attentif Ă  toutes les musiques de sa ville de Nouvelle-OrlĂ©ans, Jelly Rol, personnage de lĂ©gende, autant inventĂ© par le jazz qu’il ne l’a inventĂ© a comme principal fait d’armes et titre de gloire d’avoir complĂštement repensĂ© et orchestrĂ© le jazz de la Nouvelel OrlĂ©ans dans ses enregistrements des 1926 et 1927. cf article. Le pianiste a du charme, une main gauche encore pataude mais des talents infinis pour border et ciseler Ă  la main droite. Fat Frances, 1929. Le musicologue Alan Lomax le sort d’un anonymat injurieux en 1938 et lui laisse Ă©voquer, pour le BibliothĂšque du CongrĂšs, seul devant son piano, sa façon de se souvenir du jazz naissant et de sa ville natale. Ce document irremplaçable est depuis peu soigneusement repiquĂ© sur CD. Joseph Irish Joe Tricky Sam » Nanton 1904-1946Ce tromboniste restera fidĂšle au Duke de 1926 jusqu’à sa mort. Il fut l’un des plus grands crĂ©ateurs et stylistes du style jungle, usant d’une sourdine en caoutchouc, il tire de son instrument des sons proches de la voix humaine. TrĂšs grand sens de la construction des solos, Ă  partir de formules mĂ©lodiques simples issues droites du blues. A marquĂ© de son style les deux Ă©poques les plus dĂ©cisives de la musique de Duke Ellington la pĂ©riode jungle 1916-1931 et le grand classicisme de l’annĂ©e 1940 Ko-Ko, Jack the BearJoseph King » Oliver 1885-1938Le grand ancĂȘtre de tous les trompettistes de jazz. Il a su, unifier toutes les composantes diverses des musiques de la Nouvelle-OrlĂ©ans en en proposant dans ses enregistremetns du Creole jazz Band, en 1923, secondĂ© par son cadet et respectueux disciple Louis Armstrong, une synthĂšse nostalgique qui a ouvert le jazz Ă  l’ñge des improvisations et des improvisateurs. Trompettiste et cornettiste sensible et lyrique Dippermouth Blues, 1923, il fut un remarquable meneur d’improvisations collectives. TrĂšs juste accompagnateur des chanteurs et chanteuses de blues dont Sarah Martin et Texas Alexander Soliste de belle envergure il a confiĂ© Ă  la cire des improvisations pudiques et sensibles dont Aunt Haggar’s Blues 1928, Bozo, 1928. Un des pionniers aussi du grand orchestre jazz Nelson Stomp, 1930. DĂ©laissĂ© puis ignorĂ© ce fondateur admirable est mort dans la misĂšre la plus Christopher Charlie » Parker 1920-1955Se reporter Ă  l’article. Avec Armstrong et Coltrane un des plus grands improvisateurs sinon le pus grand en jazz. Co-fondateur avec Dizzy Gillespie du be-bop, mouvement rĂ©volutionnaire en musique que ce soit au plan des rythmes que des harmoniques.Hot House, 1945, Lover Man, 1946, Scrapple from the Apple, 1947, Leap Frog, 1950Jean-Baptiste Django » Reinhardt 1910-1953Sans nul doute avec Charlie Christian et Wess Montgomery, un des trois meilleurs guitaristes de jazz. L’originalitĂ© du manouche Django est d’avoir rĂ©ussi la fusion entre la musique afro-amĂ©ricaine et les traditions tziganes, sans folklorisme de circonstance. ArchĂ©type du musicien jouant d’oreille sans se repĂ©rer dans l’écriture figure de ces musiciens d’instinct qui ne furent pas lĂ©gion sa mĂ©moire musicale et sa culture harmonique sont confondantes. Improvisateur intarissable il s’est plutĂŽt Ă©mancipĂ© des ritournelles du jazz manouche qu’il ne les accompagnĂ©es ou escortĂ©es. TrĂšs apprĂ©ciĂ© des musiciens noirs amĂ©ricains, grand rythmicien, accompagnateur infaillible, il a enregistrĂ© des faces de toute beautĂ© avec Coleman Hawkins, Benny carter ou Eddie South. Le grand dĂ©couvreur » de la guitare jazz. Minor Swing, 1937, I’ll see you in my dreams, 1939, Blues for Ike, 1953William Rex » Stewart 1907-1967Cornettiste. S’il a jouĂ© d’abondance avant et aprĂšs son passage chez Duke Ellington, c’est bien dans cet orchestre qu’il a jetĂ© le meilleur de ses feux et a contrĂŽlĂ© sa virtuositĂ© bavarde. Ses solos oĂč il joue de notes mates et Ă©tranglĂ©es sont de toute logique et de toute beautĂ© Boy meets Horn, 1938 et plusieurs versions de concert de ce mĂȘme thĂšme.Clark TerryCe trompettiste, nĂ© en 1920, a fait ses classes chez le vibraphoniste Lionel Hampton, puis chez Count Basie Katy, 1949 avant d’ĂȘtre engagĂ© par Duke Ellington A drum is a Woman, 1956, Lady Mac, 1957. A su conseiller Miles Davis qui lui vouait, en retour, une admiration sans failles. Beaucoup de swing, d’invention et de musicalitĂ©, Clark Terry a su plus que quiconque allier tradition et modernisme. Son album Color Changes » 1960 le montre tout Ă  son avantage pudique, inventif, exigeant et prodigieux bĂątisseur d’ Tristano 1919-1978Ce pianiste d’une agilitĂ© contrapunctique hors du commun et compositeur novateur a Ă©tĂ© un immense enseignant. Il a donnĂ© au jazz cool quelques unes de ses plus fortes exigences de rigueur et d’invention rythmique et harmonique Requiem –for Charlie Parker, 1955. Il y a une Ă©cole Tristano oĂč brille notamment le saxophoniste Warne Willie Young 1909-1959Saxophonitse et aussi clarinettiste. Ce natif de la Nouvelle-OrlĂ©ans fut engagĂ© dĂšs 1936 par Count Basie oĂč il bĂ©nĂ©ficie d’un environnement favorable en raison de la qualitĂ© des solistes et de la fluide soliditĂ© de la section rythmique. Se liant d’amitiĂ© avec Teddy Wilson puis Billie Holiday, il enregistre avec cette derniĂšre Travlin’ all alone- 1937 dont il est l’accompagnateur le plus attentif et le plus stimulant. Son jeu, Ă©laborĂ© lors de son passage dans le grand orchestre de Count Basie 1936-1940 puis 1943 puis dans celui de Dizzy Gillespie 1943 est libre, cool, effaçant les diffĂ©rences entre temps fort et temps faible, et s’affranchissant, dans ses improvisations, de la graduation programmĂ©e des accords. Cet artiste a eu une grand influence sur le ajzz des annĂ©es 1950, dit jazz-cool ». Son enregistrement de These Foolish Things 1945 est un des plus remarquables exemples d’improvisation en jazz, le musicien prend appui sur les harmoniques mais s’éloigne trĂšs rapidement de la pourtant trĂšs jolie mĂ©lodie Douville[1] Harry Wills, boxeur noir de trĂšs haut niveau actif dans les annĂ©es 1910 et 1920 doit combattre Jack Dempsey pour le championnat des poids lourds, mais le match fut annulĂ©, de crainte qu'aprĂšs Jack Johnson on consacre Ă  nouveau un boxeur afro-amĂ©ricain. Les prĂ©jugĂ©s de race Ă©taient aussi trĂšs prĂ©sents dans le monde sportif. On se souviendra que la victoire de Jack Johnson sur Burns fut marquĂ©e par des agressions de meutes racistes blanches contre les noirs, et que ce formidable champion, qui commit le "crime" d'avoir Ă©pousĂ© une femme blanche dut,pour Ă©viter de faire de la prison pour cela, fuir au Canada, puis en France.[2] Un album avec donc de grandes parties Ă©crites.[3] Surnom de Clark Terry, surnom d’autres trompettistes Ă©galement dont Harry Sweets Edison chez Count Basie, puis Franck Sinatra[4] ConsidĂ©rĂ© comme l’un des premiers improvisateurs de jazz, nĂ© en 1877, ce trompettiste n’a pas laissĂ© de traces enregistrĂ©es d’une musique sans doute intermĂ©diaire entre le ragtime et le jazz Nouvelle-OrlĂ©ans, il Ă©tait rĂ©putĂ© pour sa puissance sonore, son sens du blues, son inspiration. Il est mort fou » et a passĂ© les vingt-quatre derniĂšres annĂ©es de sa vie dans l’asile psychiatrique de la Nouvelle OrlĂ©ans. À quoi pensait le grand trompettiste Red Allen lorsqu’il lui rendit visite, et Ă  quoi pensait aussi Louis Armstrong lorsqu’il retrouva un bref moment, Ă  la fin des annĂ©es trente, un King Oliver ruinĂ© et les dents tellement dĂ©chaussĂ©es qu’il ne pouvait plus jouer de trompette ? Les dĂ©buts du jazz sont traversĂ©s par la mort et la folie, la ruine. Rien de la sinistre rigolade de fanfare que de misĂ©rables analphabĂštes aiment Ă  produire en se croyant new-orlĂ©anais dans l’ñme.[5] Art pianistique propre Ă  Harlem oĂč la main gauche joue les fondamentaux de la base sur les temps pairs et un accord avec beaucoup de brisures et de variĂ©tĂ©s harmoniques en dixiĂšme sur les temps pairs. La main droite jouissant d’une libertĂ© virtuose 1 Francis Hofstein. GĂ©raldine Laurent, vous ĂȘtes musicienne, vous jouez du jazz et vous ne cachez pas ĂȘtre en psychanalyse. Comment, dĂšs lors, ne pas vous questionner sur l’improvisation. 2 GĂ©raldine Laurent. Je joue d’un instrument soliste, le saxophone, et Ă  un moment donnĂ©, je dois parler, littĂ©ralement parler, raconter une histoire, et il me faut Ă  la fois conscientiser et me laisser aller. L’enjeu n’est pas le mĂȘme quand j’improvise au quotidien, quand je parle spontanĂ©ment comme je le fais lĂ  pour vous rĂ©pondre, et quand j’improvise sur scĂšne ou en sĂ©ance. La difficultĂ© est toujours de me lancer, et comme on part de rien ou du silence, de trouver une forme qui soit sonore chercher la rĂ©sonance du premier mot pour que ça puisse parler. Je travaille beaucoup sur les rĂȘves, et c’est une improvisation que de les transcrire, les formuler, les dĂ©crire. En jazz, je vais dĂ©velopper une idĂ©e, une phrase, mais en essayant de ne pas ĂȘtre consciente, suivant en cela ce que dit Sonny Rollins de la scĂšne ce n’est pas moi qui porte la musique, c’est la musique qui doit me porter. Donc ne pas me concentrer sur l’intellect ou rĂ©flĂ©chir pour faire arriver la musique. C’est trĂšs complexe, autant en psychanalyse oĂč je parle un langage significatif qui me rattache au conscient, qu’en musique, oĂč ce n’est pas verbal. Et oĂč il y a une forme de transe, physique, corporelle, que je vais chercher quand je joue. 3 F. H. Il y a une nette diffĂ©rence entre la scĂšne et l’usage du corps pour qu’en sorte la musique, et le divan sur lequel on s’allonge pour permettre une sorte d’oubli du corps. 4 G. L. Je peux ĂȘtre dans l’oubli du corps et en mĂȘme temps dans sa prĂ©sence, dans la sensation de son existence. J’éprouve, je ressens physiquement ce que je dis. Mon corps rĂ©agit Ă  ce que je raconte, selon que je bloque ou que ça se libĂšre, et ce ne sont pas les mĂȘmes sensations quand je suis dans la conscience de ce que je dis et quand j’éprouve, quand le corps se tend, bouge, est dans le mouvement. Sur scĂšne, il y a le rythme, la danse, trĂšs importante pour moi, et le corps est un appui pour transcender la musique, la relancer, faire sortir ce qu’il y a dans ma tĂȘte. Il n’y a pas de rĂ©elle sĂ©paration entre le corps et la tĂȘte quand je suis dans le mouvement, et d’ailleurs, comme Rollins, je crie quand je joue. Je ne crie pas en sĂ©ance, mais mes mains s’agitent beaucoup, et il me faut parfois un agir physique pour lĂącher, pour que ma tĂȘte laisse aller un flux Ă  la fois corporel et intellectuel. 5 F. H. En psychanalyse, on se bat contre la rĂ©sistance, la censure, le refus inconscient d’aller chercher ce qui fait mal ou honte, et qu’il n’est donc pas facile de laisser sortir simplement, sans que pĂšsent notre histoire, le passĂ© et le passif, c’est-Ă -dire le bagage commun Ă  chacun de nous, que nous soyons ou non en analyse. Il y a des jours oĂč ça va tout seul et des jours oĂč rien ne sort, de mĂȘme qu’en concert parfois tout le monde est content, vous et le public, parfois vous mais pas le public, parfois le public et pas vous. Mais si un passage Ă  vide ne porte pas Ă  consĂ©quence en psychanalyse, parce qu’on ne peut jamais savoir ce qui peut sortir d’un bavardage apparemment sans intĂ©rĂȘt, il n’en est pas de mĂȘme en concert. Comment vous dĂ©brouillez-vous en ce cas ? Recours au savoir, appel Ă  la technique, improvisation sous quelle forme ? 6 G. L. La technique est au service du savoir et du langage, et elle est nĂ©cessaire pour que l’on soit le plus libre possible, pour qu’on puisse s’exprimer comme on en a envie, ĂȘtre rapide, faire du flux, du flot, ou chercher la lenteur
 Sachant qu’on passe par des voies trĂšs complexes pour ĂȘtre simple, pour arriver Ă  un lĂącher-prise oĂč il me faut une part de conscience en temps rĂ©el pour suivre ce qui est en train de se passer, pour ĂȘtre au plus prĂšs de ce que je dois dire. En musique, je dois rĂ©flĂ©chir et utiliser ma technique, mais en psychanalyse, je dois impĂ©rativement oublier mon savoir, la dialectique, les mots, tout ce qui serait de la technique et qui ferait barriĂšre Ă  la verbalisation. Or les mots reprĂ©sentent un danger et je pourrais rĂ©sister sans en prendre conscience, Ă  l’inverse du concert oĂč je dois raconter une histoire et aller chercher tout mon savoir et toute ma technique, travaillĂ©s tous les jours depuis des annĂ©es. 7 F. H. Le savoir, est-ce le solfĂšge, la thĂ©orie, ou la composition, le thĂšme d’oĂč vous partez ? 8 G. L. Le savoir de l’improvisation vient de tout ce que j’ai appris. C’est un texte Ă©crit, comme en classique, mais que je vais Ă©crire en temps rĂ©el. La plupart des musiciens repiquent des solos, les rejouent, les dĂ©construisent, s’en inspirent, les intĂšgrent. La conscience est lĂ  pour me rappeler mon travail, et d’ailleurs, pour qu’une phrase reste, il faut la passer en concert. J’ai des bouquins de phrases que j’écris, je les travaille dans tous les tons, c’est cela la technique pour ĂȘtre libre et pouvoir aller chercher en concert une phrase, c’est-Ă -dire une idĂ©e qui va m’amener ailleurs, dĂ©ployer la musique. On arrive Ă  une espĂšce de catalogue qui est dans la mĂ©moire comme un vocabulaire qui contient tout ce dont je me suis inspirĂ©e, Sonny Rollins notamment, et qui sert Ă  agrĂ©menter mon discours, mon argumentation. Cela dit, il arrive que l’improvisation bloque, que mon jeu me revienne en miroir, je m’entends jouer et je n’écoute pas les autres musiciens. 9 F. H. Ce blocage ne vous est pas propre. Ainsi, comme chacun de nous, il m’est arrivĂ© de me retrouver Ă  m’écouter parler. Comme si je contrĂŽlais et critiquais ma parole en mĂȘme temps que je l’exprimais, ce qui avait un effet d’écho, de dĂ©calage entre voix et oreille, une sĂ©paration tout Ă  fait dĂ©sagrĂ©able entre moi et moi. 10 G. L. J’ai remarquĂ© que cela m’arrivait quand j’y allais en force, dans un dĂ©ploiement de technique qui manque d’idĂ©es, de fil conducteur, d’ampleur. Cela vient bien moins de mon rapport Ă  moi que de mon rapport Ă  l’extĂ©rieur. Il y a des prĂ©sences bĂ©nĂ©fiques, une personne Ă  qui je vais adresser mon discours, un rapport d’émulation bien sĂ»r empreint de sĂ©duction, et il y a des prĂ©sences qui provoquent l’inverse. Avoir la chance de jouer avec des musiciens que j’admire, ou savoir que telle personne Ă©tait dans la salle pouvait m’inhiber. C’est enfantin, scolaire, rĂ©gressif, et il m’a fallu tout un travail pour cesser d’avoir peur. Pouvoir raconter un rĂȘve qui touche Ă  l’intime ou rĂ©veille une douleur. Savoir pourquoi je suis sur scĂšne, pour moi ou pour les autres, une question que je ne suis pas la seule Ă  me poser parmi les musiciens. J’ai beaucoup Ă©tĂ© dans le combat, dans une forme de guerre contre moi, Ă  me demander pourquoi je faisais de la musique et Ă  devoir prouver je ne sais quoi. J’ai dĂ©couvert en psychanalyse que c’était de la rĂ©sistance et j’ai peu Ă  peu appris Ă  en reconnaĂźtre les manifestations la tension, l’agressivitĂ©, l’énervement
 et je suis arrivĂ©e Ă  la fois Ă  me diriger et Ă  me laisser parler. En musique, je perdais mes moyens, le langage, les mots, les idĂ©es, je n’étais pas dans le temps, alors qu’il ne s’agissait pas de bien » jouer, mais d’y ĂȘtre et de rĂ©pondre en temps rĂ©el Ă  ce que me demandait la musique et le collectif. Ne pas aller contre la musique lĂ  oĂč, en sĂ©ance, je vais contre moi. 11 F. H. InvitĂ© Ă  un colloque de psychanalyse alors que j’étais totalement enfoui dans la fabrique du deuxiĂšme volume de L’art du jazz, j’y suis allĂ© sans travail en amont, avec seulement quelques notes jetĂ©es sur le papier. J’avais une idĂ©e prĂ©cise, je l’ai dite, commentĂ©e, et au lieu de m’arrĂȘter, voyant qu’il restait du temps et percevant une attente, j’ai continuĂ© Ă  parler mais avec trĂšs vite la sensation de n’ĂȘtre pas juste. Quand j’ai Ă©coutĂ© plus tard l’enregistrement, cela n’avait rien de catastrophique, mais je m’étais quand mĂȘme bricolĂ© un dehors interne, un idĂ©al, non sans rapport avec ce que Freud appelle surmoi. Ce que peut reprĂ©senter pour un musicien europĂ©en l’AmĂ©ricain inventeur du jazz. 12 G. L. Avoir Ă  prouver quelque chose, imaginer pouvoir mieux faire, devoir proposer quelque chose d’intĂ©ressant, faire plaisir, bref, ĂȘtre sans cesse sous un regard critique, je l’ai associĂ© en psychanalyse au masculin et notamment Ă  la figure du pĂšre. Cela pouvait bloquer ma parole, comme ça m’est arrivĂ© au cours d’un blindfold test avec Philippe Carles, mais en musique, c’est mon travail de dĂ©bloquer les idĂ©es et la difficultĂ© n’empĂȘchera pas l’improvisation. Ainsi, parmi les techniques de base pour se relancer, il y a l’ornementation. On s’appuie sur un thĂšme, on puise dans son bagage et on Ă©coute les collĂšgues. La plus grande difficultĂ© dans l’improvisation et dans le jazz est d’écouter les autres pour que la musique existe. LĂ , je travaille en trio avec Manu Codjia Ă  la guitare et Christophe Marguet Ă  la batterie sur Charlie Parker, mais en improvisation, sans le dĂ©roulement be-bop traditionnel de la contrebasse, et pour vraiment crĂ©er, il faut s’écouter, se stimuler, trouver des idĂ©es sans cesser de s’écouter et de s’entendre. 13 F. H. Un psychanalyste dirait peut-ĂȘtre attention flottante, une Ă©coute pour entendre, sans demande ni attente prĂ©cise. Mais, parce qu’il n’y a pas rĂ©ellement d’autoanalyse, il est dans la nĂ©cessitĂ© de sa prĂ©sence. Il y a bien sĂ»r un rituel, la disposition des lieux, un contrat de parole, mais on pourrait dire qu’analysant et analyste forment un ensemble oĂč, de mĂȘme que dans votre trio, si l’un s’isole, tout se dĂ©fait. 14 G. L. Le groupe est une personne quand on joue, et la musique qui en dĂ©coule s’adresse au public. L’interaction est silencieuse en classique, alors que l’habitude en jazz, rituelle, est d’applaudir chaque solo. De mĂȘme qu’il n’y a pas d’analyse sans analyste, il n’y a pas de musique sans public, et il est difficile de se dire musicien si on n’a jouĂ© que chez soi. C’est pour cela que je me mets en situation de concert quand je travaille seule, dans une concentration trĂšs particuliĂšre et trĂšs prĂ©cise. Le but est aussi de gagner en confiance ĂȘtre Ă  la hauteur de la musique et de l’écriture ; parvenir Ă  concentrer mon propos, cesser de vouloir ne composer que des choses extraordinaires et, alors que ma vie tient beaucoup de l’improvisation, trouver un Ă©quilibre entre mon exigence et ce dont je suis tout Ă  fait capable. Je suis entre ambition et doute, et c’est probablement pour ça que je dĂ©teste m’écouter, revenir sur ce que j’ai enregistrĂ© et qui a fixĂ© mon improvisation. Je voudrais en rester au bouillonnement de ma tĂȘte et Ă  la fulgurance de l’improvisation. Elle est une forme de composition quand je vais Ă  l’essentiel et que je suis au plus prĂšs de ce que je devais exprimer, mais quand c’est fait, j’ai envie que ça s’efface. Comme autrefois, avant les disques. J’ai racontĂ© mon histoire, j’ai fait le tri, et voilĂ , c’est du passĂ©. Enfant, je voulais me souvenir de tout et quand j’ai compris que je n’y arriverais jamais, ça m’a dĂ©boussolĂ©e. J’aimerais pourtant retrouver dans ma mĂ©moire des improvisations, des solos, des phrases, et d’ailleurs il y a des pĂ©riodes oĂč je rĂȘve en musique. Mais c’est comme avec les mots quand ils ne veulent pas venir en psychanalyse je me demande au rĂ©veil comment je vais faire, tant il me semble alors toucher Ă  l’essentiel, pour me souvenir du son et des notes et peut-ĂȘtre parvenir Ă  jouer exactement ce que j’entends. 15 F. H. Quand le souvenir fait Ă©cran, ce qui est derriĂšre va se faufiler par une image ou un mot, une odeur ou un son, et c’est cela que le psychanalyste attrape et renvoie en Ă©cho dans cette improvisation collective qu’est chaque analyse. 16 G. L. C’est vrai que j’ai l’impression d’ĂȘtre constituĂ©e de tout un tas de choses qui ne m’appartiennent pas, et qui m’appartiennent puisque je me constitue avec elles. 17 F. H. L’improvisation se constitue de votre histoire, vos rencontres, vos passions, vos symptĂŽmes
 de toute votre trajectoire qui se rassemble dans ce solo-lĂ  pour un dernier mot provisoire, toujours provisoire jusqu’à ce qu’on expire
 18 G. L. Je crois que j’associe provisoire Ă  libertĂ©. Et peut-ĂȘtre aussi Ă  jouissance. Dans le lĂącher-prise de l’improvisation, on va chercher trĂšs loin dans l’intime, notamment pour trouver la justesse et l’évidence, qui d’ailleurs embarquent le corps. On va alors Ă  l’essentiel, ce qu’est pour moi la libertĂ©, mais cela emmĂšne aussi Ă  un pic qui est de l’ordre de la jouissance, et dont il n’est pas toujours facile de revenir, tant ce moment Ă©phĂ©mĂšre dĂ©bouche sur le vide, sidĂ©ral. Cela s’apparente Ă  ces Ă©tats de transe que j’avais Ă©tudiĂ©s en ethnomusicologie Ă  l’UniversitĂ©, toujours cadrĂ©s par un rituel, qu’il y ait ou non usage d’une drogue. 19 F. H. Nous naissons tous dĂ©pendants et on pourrait dire que nous passons notre vie Ă  naviguer entre dĂ©pendance et indĂ©pendance. Mais si on peut revenir impunĂ©ment de la jouissance de la musique, essentiellement parce qu’il est toujours possible de retrouver cette jouissance quand le jazz Ă  nouveau nous invente, c’est toujours impossible avec les drogues, parce qu’on ne retrouve jamais la premiĂšre sensation, le premier flash, le premier dĂ©goĂ»t. 20 G. L. L’adolescence se construit aussi avec des formes de destruction, et notre sociĂ©tĂ© pousse Ă  confondre consommation et jouissance. Tout le monde n’a pas la soliditĂ© narcissique que vous Ă©voquiez tout Ă  l’heure, et qui permet de se construire avec de la destruction, ce que l’on frĂŽle quand on va au plus prĂšs de soi-mĂȘme, en paroles comme en musique. D’ailleurs, pour revenir Ă  la libertĂ©, je me souviens avoir pensĂ© vers cinq ans que plus jamais je ne serais libre, plus jamais je ne serais avec moi, alors qu’il me semble que dans l’improvisation je cherche toutes les sensations Ă©prouvĂ©es jusqu’à cet Ăąge. 21 F. H. Le moi et le monde font un chez l’enfant, et leur rĂ©union ultĂ©rieure signe la rĂ©ussite d’une dĂ©marche artistique. On s’oublie dans l’invention de la musique, on fait un avec elle, dans un au-delĂ  du conscient et donc des inhibitions et de la rĂ©sistance comme du savoir et de la technique de l’instrument nĂ©cessaires Ă  ce dĂ©passement de soi. 22 G. L. Pour aller au plus prĂšs de soi, mon Ă©tat de conscience va m’aider. C’est une forme de dĂ©doublement avec une partie de moi qui m’emmĂšne, par exemple Ă  rire ou Ă  associer, Ă  ĂȘtre dans un mouvement oĂč je peux garder ma direction tout en laissant aller la musique ou les mots. Il y a deux rails, l’un ne va pas sans l’autre, mais Ă  un moment donnĂ©, je donne une impulsion, je suis consciente de la trame et j’entends ce qui sort avec une anticipation d’une microseconde. On se rĂ©pĂšte bien sĂ»r, il y a rĂ©currence, redondance, mais ce n’est jamais le mĂȘme solo. Il faut accepter la rĂ©pĂ©tition, accepter de sortir d’une sĂ©ance ou d’un concert sans le souvenir de ce qu’il s’est passĂ©, accepter Ă©videmment la lenteur du processus et musical et psychanalytique, et, sans se fixer sur l’élĂ©ment artistique, aller vers la beautĂ© et la libĂ©ration, toutes les libĂ©rations. Notes [1] Note de Francis Hofstein. L’idĂ©e de cet entretien, qui s’est tenu le 14 juin 2014 avant d’ĂȘtre transcrit et mis en forme en septembre, et qui traite de l’improvisation sous l’angle conjoint du jazz et de la psychanalyse, m’est venue lorsque me fut proposĂ© d’écrire sur ce sujet prĂ©cis. Il a donc deux origines mon Ă©coute musicale de GĂ©raldine Laurent, notamment un soir de concert au cours du festival de jazz de La Seyne-sur-Mer, et sa rĂ©flexion sur la psychanalyse au cours d’une soirĂ©e du cartel Clinique et improvisation », oĂč j’étais invitĂ© en tant que psychanalyste et elle en tant que musicienne. La lecture de cet Ă©change improvisĂ© en toute libertĂ© pourrait donc bĂ©nĂ©ficier de celle de La langue de l’autre », Ă©crit en juillet 2014 et paru dans Cliniques mĂ©diterranĂ©ennes, n° 93 Improviser en psychanalyste, Toulouse, Ă©rĂšs, 2016, p. 99, mais ne saurait se passer de l’écoute de l’un ou l’autre des trois disques parus sous le nom de GĂ©raldine Laurent Time out trio, Dreyfus Jazz, en 2007, Around Gigi, Dreyfus Jazz, en 2010, et At work, Gazebo gaz123, en 2015. SPECTACLE "ANGUILLE SOUS ROCHE" Manifestation culturelleBalaruc-les-Bains 34540Le 02/07/2021Par la compagnie Coup de Poker. Septembre 2016. Un inconnu, 27 ans, comorien, vient d’ĂȘtre publiĂ©. Il a Ă©crit trois ans plus tĂŽt un roman d’une force bouleversante. Un mouvement, une seule phrase de 300 pages, qui vous cloue au sol. Les mots d’une adolescente de 17 ans, perdue au beau milieu de l’ocĂ©an au large de Mayotte, et qui avant de se noyer repense Ă  sa vie, Ă  ce qui l’a amenĂ©e jusqu’ici
 Ce premier livre, si singulier, si essentiel, si drĂŽle fĂ©roce et poĂ©tique Ă  la fois, crĂ©e l’évĂ©nement. Plus d’une centaine d’articles en deux mois. Anguille a 17 ans, elle est solaire, pleine d'uppercut, lĂ  mais dĂ©jĂ  absente, sans attache, insaisissable, d'une libertĂ© si belle, presque effrayante. DĂ©rivant dans l’ocĂ©an Indien, se sachant condamnĂ©e, bientĂŽt noyĂ©e, elle n’existe que par ses mots. Alors, elle parle. Oui, elle parle tant qu’elle a encore du souffle. Anguille, si incarnĂ©e, devient une langue. Une langue Ă  part, une langue qui dĂ©rive volontairement, une langue qui vous attrape puis vous laisse sur le bas Ă  cĂŽtĂ©, avant de vous reprendre lorsque vous vous y attendez le moins. Ali Zamir. Sa mĂšre est illettrĂ©e. Il dit que l’écriture l’a littĂ©ralement sauvĂ©. Il veut aujourd’hui[...]

se dit pour un solo improvisé en jazz